حركة 20 فبراير و المخزن الإعلامي

20  فبراير و المخزن الإعلامي

منذ أسبوعين وبعض الوسائل الإعلامية المكتوبة والإلكترونية وأخيرا المرئية، تطنب في الحديث عن محاولة جماعة العدل والإحسان "السطو" على حركة 20 فبراير والانقضاض على ملفها المطلبي، وتسخيرها لحركة 20 فبراير لخدمة أغراضها الخاصة.

هذا الحديث يتكرر في كل مناسبة يتم الحديث فيها عن حركة 20 فبراير، وفي أي مسيرة أو احتجاج يتم تنظيمه. هذه الحملة الإعلامية صاحبتها حملة أخرى من طرف وزارة الداخلية مركزيا وعلى مستوى الأقاليم، من خلال العمال ورجال السلطة، حيث عملوا بكل الوسائل على إثارة الحديث مباشرة مع الأحزاب والنقابات المساندة لحركة 20 فبراير بضرورة تجنب هده الجماعة. حملة انخرطت فيها منذ البداية وكالة المغرب العربي للأنباء.

هذا "الحرص" الأمني والإعلامي ليس بالتأكيد حبا وحماية لحركة 20 فبراير ولا حتى كرها لجماعة العدل والإحسان فقط، بل هو محاولة لتقويض هذه الحركة المجتمعية المتصاعدة المطالبة بالتغيير والمصرة عليه.

لنتحدث، أولا، عن خلفيات انخراط ما تمت تسميته بالمخزن الإعلامي في ترديد هذه الأسطوانة المشروخة عن محاولة الإسلاميين السطو على حركة الشباب وأن الحركات التي يقوم بها الشباب ما هي إلا مظاهرات وتجمعات يقف وراءها الإسلاميون.

الهدف الأول هو مخاطبة الخارج والغرب خصوصا. والهدف الثاني هو الداخل. بالنسبة للخارج، يحاولون أن يقولوا للغرب إن الشعب المغربي لا علاقة له بهذه المظاهرات وهذه المسيرات، وان المغاربة راضون عن أوضاعهم، وان الحراك القوي الدي تعرفه البلاد تبدو في الظاهر جماهيرية ولكن هي في حقيقتها استعراض للقوة لجماعة إسلامية متطرفة وغير مرخص لها، اسمها اليوم العدل والإحسان وغدا سيتحدثون عن السلفية الجهادية لينتهي بهم المطاف عند القاعدة . وهكذا، يخف اهتمام وسائل الإعلام الغربية وكذا مصالحها الدبلوماسية بهذه المسيرات الشعبية. بل حتى إذا تدخلت قوات الأمن لقمع المتظاهرين، "تفهمت" الأوساط الغربية ضرورة حماية البلاد من السقوط في أياد متطرفة وحماية المسيرة الديمقراطية من الخطر الإسلاموي؛ أي ببساطة استعمال الفزاعة الإسلامية.

بالنسبة للداخل الهدف مزدوج. من جهة، محاولة خلق مشاكل بين حركة 20 فبراير والهيئات المساندة لها من جهة والجماعات الإسلامية ومنها العدل والإحسان من جهة أخرى، ومحاولة الضغط على الأخيرة نفسها لتقليص مساهمتها وحضورها في الفعاليات والمظاهرات المنظمة إلى أدنى حد.

وفي الحالتين الهدف واحد.

فالعقل الأمني للدولة يدرك أهمية حضور ومشاركة ودعم جماعة مثل العدل والإحسان لمطالب التغيير. يدرك أن مثل هده الجماعات لها انتشارعبر التراب الوطني، منظمة، متدربة، منضبطة للقرارات المركزية لقيادتها. وبالتالي، فإن دعمها لحركة 20 فبراير يتم ترجمته فعليا.

طبعا، هناك حركات سياسية أخرى داعمة لمعركة التغيير ومساهمتها فعالة وقوية وناجحة، لكن العقل الأمني يهاب تنظيم ولوجستيك وانضباط وإصرار جماعة مثل العدل والإحسان.

الأحزاب والهيآت والفعاليات تختلف كثيرا مع مشروع وشعارات الجماعات لاسلامية. لكن حركة 20 فبراير ليست حزبا أو جماعة سياسية، بل هي حركة لها أرضية وأهداف ووسائل محددة. كل من يتفق مع هذه الأرضية وأهدافها، ويوافق كذلك على وسائل العمل المتفق عليها، فمكانه داخل حركة 20 فبراير. وليس هناك أي سبب ليكون خارجها.

هذه الحملات الإعلامية مآلها الفشل، لأن المعركة ببساطة هي معركة شعب من اجل التغيير والديمقراطية.

هذه الفزاعة استعملها بن علي ومبارك والقذافي. وكلنا يعرف إلى أين أدت.

جماعة العدل والإحسان غير معترف بها. ولماذا لا يتم الاعتراف بها ؟ هذه السكيزوفرينيا يجب وقفها والتخلص منها.

في المقابل، على جماعة العدل والإحسان أن تتواصل أكثر مع الرأي العام، وتوضح مدى التزامها بقيم المجتمع الديمقراطي، بل عليها أن تطور من منظومة أفكارها لتنخرط كليا في مجتمع الغد الذي تبنيه الشعوب اليوم.عليها أن تتواصل لإزاحة مناطق العتمة عن مواقفها، ليس إزاء حركة 20 فبراير، بل إزاء المجتمع الذي تناضل من أجل إرسائه حركة 20 فبراير.

الطيب حمضي

22 مارس 2011

Maroc : Exception ou pas exception ? Les fausses questions.

Maroc : Exception ou pas exception ? Les fausses questions.


Le Maroc fera t-il exception à cette vague de colère et de luttes pour la démocratie dans le monde arabe ?

C’est une question qui ne cesse de revenir depuis la révolution spectaculaire des tunisiens et le renversement du régime dictatorial et policier de Ben Ali. Question aggravée encore par la chute du régime de Moubarak d’Égypte, le déclenchement de la colère, des manifestations ou des révoltes en Libye, au Yémen , au Bahreïn, en Jordanie, en Irak, à Oman, en Algérie, au Maroc … C’est une question qui n’est pas purement marocaine, mais qui transverse toute l’élite du monde arabe

Le Maroc est il d abord une exception dans le monde arabe de par son profil, sa situation?

Les questions peuvent paraître théoriquement pertinentes, mais relèvent en fait, sur le plan politique, plus de la polémique que du débat.

Que se passe t il dans le monde arabe ? Des régimes de dictature ou de despotisme en place depuis des décennies, corrompus, impopulaires, qui ont conduit leurs peuples aux situations les plus misérables de la planète malgré les richesses de la région. Des chefs d'états ayant hérité le pouvoir, ou s’en ont accaparé après des coups d’état, se sont entourés de cercles de mafieux, qui ont spolié les richesses de leurs pays. Ont bafoué la volonté et la souveraineté des peuples soit en gouvernant directement sans la moindre structure représentative, soit en falsifiant celles-ci quand elles existent. Ont opprimé toute voix contestatrice. Ont envoyé les opposants aux geôles. Mis la main sur les pays et les peuples. Ont décidé de passer la main à leur progéniture pour gouverner. Ont permis à leurs familles et proches de s’enrichir aux détriments des populations qui s’appauvrissent de plus en plus.

C’est grosso modo le profil du monde arabe avec bien sur des nuances et différences de grade dans cette sombre couleur du tableau.

Quand on soulève une éventuelle exception marocaine, cherchons nous à comprendre réellement ce qui se passe pour apporter les solutions adéquates, ou juste dissiper les inquiétudes et calmer les esprits ?

Face à ce qui se passe, on a dans le monde arabe, plusieurs réflexions qui vont d’un extrême à l’autre. Selon les différentes visions, les différentes situations, et surtout les intérêts de chacun, on fera face à des opinions qui vont de la pleine conviction que leur pays est le plus beau du monde, le plus parfait de la planète et qui estiment que cette révolte dans la région ne les concernent nullement et ne les interpellent en rien, aux opinions complètement à l’opposé qui ont la pleine conviction que rien ne changera si les régimes ne sont pas déchus une fois pour toutes. Au milieu de ces extrêmes, il y a ceux qui pensent qu’il y a des problèmes plus ou moins profonds de démocratie, de developpement, d’injustice sociale, de corruption, d’incapacité du système de gouvernance à évoluer vers l’avenir. Ceux là pensent que le contexte actuel est favorable à un appel aux changements profonds, soit en concertation avec les régimes en place ou en imposant ces changements du moment que ces régimes n’évolueraient jamais d’eux-mêmes, et qu’au maximum ces régimes chercheraient à contourner la vague pour préserver le statu quo. Or, contourner ces attentes, ces réclamations, ces révoltes est devenu quasi impossible. On n’est plus en face d’une révolte menée par une fraction politique, un parti ou quelconque groupe, mais face à une demande émanant de base qui réclame une nouvelle définition de l’identité politique, sociale et psychologique même : être citoyen digne. C’est une révolte pour des valeurs que rien et personne ne pourrait arrêter.

Après douze ans de règne de Mohammed 6, les espoirs nés après son intronisation et le processus lui-même de démocratisation et de modernisation se sont essoufflés. Les institutions politiques ne recueillent aucun respect de la population et ne reflètent nullement leurs attentes. Les élections n’intéressent personne ou presque. La liberté de la presse en régression avec de nouvelles méthodes sophistiquées utilisées pour asphyxier la presse et les journalistes. Le champ médiatique est super verrouillé. Les champs économiques, des affaires, politiques, sont verrouillés. Le cercle du pouvoir contrôle tout et tout le monde. Il apporte, par simple réflexion, ce qu’il croit être les meilleures réponses aux questions et défis aux quels le Maroc fait face.

Le premier ministre et les ministres sont au meilleur des cas de simples hauts fonctionnaires et pas des décideurs.

Croire que le makhzen va évoluer de lui-même en phase avec l’histoire est une grande illusion. Les institutions, les structures évoluent en permanentes négociations de forces, de conflits, d’intérêts … Le pouvoir est une institution en perpétuelle concurrence avec d’autres institutions, d’autres modèles de gouvernance, et obéit dans son évolution aux lois de l’histoire et de l’équilibre des forces.

Le Maroc peut, à mon sens, faire exception au sort qui attend les autres régimes de la région. Une certaine base de la pratique politique est acquise, la faire évoluer vers une vraie démocratie nécessite des démarches courageuses, mais possibles, inévitables même. Une monarchie constitutionnelle parlementaire où le roi règne sans gouverner, des structures de contre pouvoir, un assainissement du champs économique et des affaires, élections libres, ouverture du pole audio visuel, des marocains citoyens et non des sujets, abolition des pratiques makhzaniennes humiliantes.

La réclamation de la monarchie parlementaire n’est elle pas déplacée dans le contexte marocain ?

Les marocains qui réclament la monarchie parlementaire sont les plus monarchistes, sont des démocrates monarchistes. Dans tout système démocratique un décideur doit émaner d’un suffrage, ses décisions sont évaluables, critiquables, contestables, et doit rendre des comptes. Or une monarchie est une continuité, héréditaire, symbole de toute une nation. La seule formule pour marier la monarchie à la démocratie est la monarchie constitutionnelle parlementaire. C’est le cas de l’évolution de l’histoire des monarchies dans le monde. Ceux qui, parmi les nôtres, cherchent à se cacher derrière des prétextes pour créer une « théorie » selon laquelle soit que la monarchie parlementaire ne nous convient pas, soit que la monarchie exécutive où le roi détient tous les pouvoirs, est non seulement plus démocratique, mais en sus, convient le mieux à notre peuple, ceux-ci défendent en fait un immobilisme qui ne cesse de leur être rentable politiquement et économiquement depuis des décennies déjà.

Les marocains veulent être traités comme des citoyens et non des sujets. Est-ce beaucoup demander de réclamer de jouir d’un statut de citoyen ? Est ce trop aller si les marocains ont mis 55 ans de réclamations pour être considérés comme citoyens ? Combien de décennies ou de siècles encore faut il patienter avant de réclamer ce statut ?

Tous les milieux qui ont réfléchi sur la vague qui renverse les régimes arabes sous un ongle national sont parvenus à un conclusion évidente : pas moyens de renverser Ben Ali, et après pas moyen de renverser Moubarak, pas moyen de renverser Kadhafi, pas moyen de renverser les autres … c’est l’erreur qu’ont commis les proches de Ben Ali, de Moubarak, de Kadhafi et que commettent encore les autres. Si on pense pays par pays, chacun trouvera ses spécificités, ses particularités, ses exceptions, chacun pensera services de renseignements, position des militaires, compétences policières, faiblesses de l’opposition, marge de manœuvres, de corrompre ses adversaires, de contourner leurs doléances. Toutes ces démarches n’ont rien servi à Ben Ali, ni à Moubarak, ni à Kadhafi et ne serviront en rien aux autres sur la file d’attente.

C’est un cycle de l’histoire. Apres les pays de l’est qui gravaient autour de l’ex Union Soviétique qui ont chuté l’un après l’autre, et la chute des dictatures de l’Amérique Latine , il a été grand temps pour que le monde arabe connaisse le même sort . Dans la réalité de ce monde arabe il y a une force motrice, propulsive : c’est l’aspiration des peuples vers une vie digne qui leur a été volée depuis des décennies. Cette force ne peut être anéantie, arrêtée ou bloquée par des mesures répressives ou de contournement des doléances des peuples. Ceux-ci n’accepteront plus jamais une vie sans démocratie, sans dignité, sans partage juste de leurs richesses.

Est il nécessaire de participer à des manifestations juste pour imiter les tunisiens ou les égyptiens ou les libyens ? Autrement faut il réclamer le changement ici et maintenant juste par copier/coller de Tunis ou du Caire ?

Tayeb Hamdi

La vraie question : est ce que, ici et maintenant nous n’avons pas besoin de changements ? Est ce que le changement au Maroc a été déjà opéré ou s’opère toujours avec une cadence acceptable ? La transition démocratique, qui normalement devrait mettre le pays sur les rails du changement, de la modernisation et de la démocratie, est en panne depuis des années, et ce par le constat de tout le monde. Le pouvoir a fini par verrouiller le jeu. D’autre part, dans toute pratique politique il y a les donnes internes et celles externes, il y a le contexte géopolitique, le cadre géostratégique. De tous les temps la politique a été ainsi, et encore plus au temps de la mondialisation, de la révolution de la communication. Ce qui se passe ailleurs influe sur l’équilibre des forces ici et inversement.

Est il nécessaire de participer à des manifestations juste pour imiter les égyptiens alors que la corruption chez eux est catastrophique ?

Il me semble aussi inadéquat d’invoquer la gravité de la corruption en Égypte pour parler d’une certaine exception marocaine. C’est vrai qu’on savait beaucoup du degré du pourrissement du système en Égypte. Cela ne préjuge en rien de la situation chez nous ou dans les autres pays arabes. La comparaison elle-même me semble biaisée : alors que la liberté d’expression en Égypte- malgré ses limites- avait permis d’aborder ce sujet publiquement depuis des années, jusqu’à présent dans les autres pays , le Maroc inclus, le sujet est tabou.

Est-ce que nos peuples sont vraiment mûrs pour jouir de la démocratie ?

En politique toutes les questions sont permises même celles racistes qui sous entendent que des peuples sont moins humains que les autres.

Ces questions ne se posent plus ailleurs, depuis l’abolition de l’esclavage. Les peuples font l’apprentissage de la démocratie dans la démocratie, et non sous les dictatures et les régimes totalitaires, despotiques ou " demi-cratiques ". Sous ces derniers les peuples sont contraints, par la force de la pratique, à s’identifier à leurs gouvernants. Les leaders politiques, syndicaux, associatifs et autres sont le reflet du pouvoir. Ils sont eux aussi, éternels, sont nécessaires, ont l’expérience que personne d’autres n’en a, sont irremplaçables, sont là pour l’intérêt suprême de leurs organismes, les gens les supplient en larmes si jamais ils déclarent que peut être ils ne vont pas se porter candidat pour la nième fois !

La démocratie s’apprend dans la démocratie. Quatre, cinq, six décennies après leurs indépendances, les peuples arabes ne méritent pas encore la démocratie ?! Ne serait que pour ça, un changement s’impose, la situation ne devrait plus perdurer : des régimes qui sont là depuis un demi siècle n’ont même pas « permis » à leurs peuples d’être en situation de « mériter la démocratie » !! Quelle honte pour ces régimes !!

La vraie question est : nos régimes, au début du vingtième siècle, ne sont ils pas anachroniques ? N’appartiennent t ils pas à un autre temps ? Ne sont ils pas en déphasage avec l’humanité ? N’est il pas temps de mettre à l’heure nos systèmes politiques ? Du moins pour les régimes encore « réglables », les autres il faudrait changer d’horloge.
Tayeb Hamdi
3 mars 2011

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